Comité d'échange Erve & Charnie / Sulzheim

Comité d'échange Erve & Charnie / Sulzheim

Article de presse 50ème anniversaire du jumelage

Article du 5 avril 2017

 

Interview de Damien Barrier, Président du Comité d’échange Erve & Charnie / Sulzheim

 

50 ans d’échanges avec Sulzheim

 

Depuis quand existe le jumelage avec Sulzheim ? 

Damien Barrier : le premier échange a été organisé en juillet 1967. Un groupe d’une quarantaine de jeunes allemands était accueilli à Ste-Suzanne. Ils étaient reçus en famille d’accueil, chez l’habitant.

Ils sont restés une semaine et ont visité la région : Ste-Suzanne, les grottes de Saulges, Jublains, Sillé plage mais aussi les plages du débarquement, St Malo. A l’époque, il y avait eu beaucoup de critiques et de réticences à recevoir des allemands. On n’était qu’une vingtaine d’années après la guerre. Mais tous ceux qui ont participé à cet échange ont été enchantés. En 1968, cette fois, c’est un groupe français qui se rendait à Sulzheim. Et le 14 juillet 1968, l’acte de jumelage était officiellement signé par Mr Victor Julien, alors Conseiller Général du canton de Ste-Suzanne et Adam Schmitt, le Maire de Sulzheim. C’est le plus ancien jumelage franco-allemand de la Mayenne.

 

Où se situe Sulzheim ?

DB : Sulzheim est une petite commune viticole de 1.000 habitants qui se situe dans l’Ouest de l’Allemagne en Rhénanie Palatinat près de Mayence et Francfort à 760 KM de Ste-Suzanne.

Géographiquement, c’est à environ 200 KM au nord de Strasbourg.

 

Et pourquoi être jumelé avec Sulzheim ? Beaucoup de communes mayennaises sont jumelées avec la Souabe ?

DB : c’est une longue mais belle histoire. Entre 1940 et 1945, Victor Julien est fait prisonnier de guerre. Il est mis à disposition de la famille Steeg, à Sulzheim, en tant qu’ouvrier agricole. Mme Steeg est veuve, elle vient de perdre son mari accidentellement alors que son fils et son futur-gendre sont partis combattre avec l’armée allemande sur le front russe. Elle se retrouve seule avec sa fille. Mme Steeg est toutefois rapidement rassurée. Malgré la barrière de la langue, elle s’aperçoit que Victor a des connaissances agricoles. Forcément, il était lui-même agriculteur. La confiance s’installe tranquillement et Victor gère la ferme. Mme Steeg le traite comme un membre de la famille et non comme un prisonnier. Victor mange à la même table que sa famille d’accueil, c’était pourtant sévèrement réprimandable. Une longue relation de confiance et d’amitié est née. Victor a appris l’allemand. Le plus marrant, c’est qu’il ne parle que le « Dialekt», le patois local.

En 1945, Victor rentre à Thorigné en Charnie. Il retrouve enfin sa femme et sa fille de 5 et demi. Après la guerre, ils continuent à correspondre pour se donner des nouvelles. Victor écrira à la famille Steeg « vous avez été pour moi une deuxième famille et vous, Mme Steeg, une deuxième maman… »

Enfin, en août 1966, ils se revoient pour la première fois. Cette rencontre est remplie d’émotions. Victor, qui est devenu maire de sa commune, et son ami Adam Becker, gendre de Mme Steeg, décident d’organiser un échange avec des jeunes l'année suivante.

 

Et depuis ?

DB : il y a eu plus de 60 échanges officiels (cette année sera le 62ème) : beaucoup d’échanges de jeunes mais aussi entre les musiques, les chorales, le sport et d’autres associations. Au-delà de ça, des liens d’amitiés forts se sont tissés entre les familles françaises et allemandes. Il y a de nombreuses rencontres privées que l’on ne compte plus. Et puis, il y a même eu un mariage en 2003. Dommage que Victor Julien ne l’ait pas vécu, c’était l’un de ses rêves.

 

Vous fêtez les 50 ans en 2017 ?

DB : oui, bien-entendu, c’est un évènement exceptionnel. Nous recevrons une soixantaine d’allemands sur la région du vendredi 14 au mardi 18 avril 2017, lors du week-end de Pâques. Nous accueillerons entre autres le « Verbandsbürgermeister », l’équivalent de notre Président de Communauté de Communes, le Maire de Sulzheim ainsi que son prédécesseur, les responsables du jumelage, les descendants de la famille Becker / Steeg. Et puis, la chorale de Sulzheim sera également présente. C’est un grand week-end qui nous attend. Il mobilisera une cinquantaine de bénévoles en comptant les familles d’accueil.

 

Quels seront les temps forts du week-end ?

DB : le samedi, ils visiteront un haras puis iront à Laval. Le soir, nous organisons une grande soirée dansante. Le dimanche, la chorale animera la messe de Pâques à Ste-Suzanne et l’après-midi, elle participera au concert de Printemps avec l’harmonie de Ste-Suzanne. Le lundi, nous rendrons un hommage à Victor Julien à Thorigné puis la chorale de Sulzheim donnera un concert à la salle de la Passerelle à Vaiges. Enfin, avec les élus et personnalités présents, nous renouvellerons la signature de la charte de jumelage. Une soirée d’adieu clôturera ce week-end, toujours à Vaiges.

 

Pourquoi le nom d’Erve & Charnie / Sulzheim ?

DB : En 1968, Victor Julien avait engagé tout le canton de Sainte-Suzanne, donc les 9 communes qui le composait, et pas seulement sa commune de Thorigné en Charnie. Plus tard, il fût associé à la Communauté de Communes d’Erve et Charnie (passage à 11 communes) qui est maintenant englobée dans la Communauté de Communes des Coëvrons. Le canton de Sainte-Suzanne n’existe plus administrativement. Mais notre jumelage reste ancré à ce secteur d’où son nom.

 

Quels sont les projets futurs ?

DB : En mai, nous participerons à la fête de l’Europe qui se déroulera sur le secteur de Coëvrons. Nous tiendrons un stand à Evron et proposerons la vente de vin de Sulzheim.

En mai 2018, nous sommes invités à Sulzheim pour fêter les 50 ans. L’été suivant, nous organiserons un jumelage de jeunes sur Ste-Suzanne et Vaiges. Et puis, en 2019, ce sera de nouveau un jumelage de jeunes en Allemagne. Nous ne manquons pas de projets.

Nous apportons beaucoup d’importance aux jumelages de jeunes. Ce sont eux qui représentent l’avenir. Plus ils sont impliqués tôt, plus ils se sentiront concernés à l’avenir. Nous souhaitons les sensibiliser à l’intérêt de l’Europe, celle qui nous a apportés la Paix, il ne faut pas l’oublier ! Et puis, c’est une ouverture aux autres, à d’autres cultures, d’autres mentalités. C’est très enrichissant. Et puis, aujourd’hui, les jeunes ont des moyens de communication qui leurs permettent de rester en contact facilement. Ils les utilisent. Ce n’est peut-être plus le même charme qu’une belle lettre qu’on écrit mais l’essentiel est d’entretenir la relation.

 

Que peut-on vous souhaiter ?

DB : Vous savez, le tout premier Président du comité me disait il y a peu « lorsque nous avons organisé le 1er échange en 1967, on nous a dit, çà ne durera qu’un an ou deux ans votre jumelage ».

Moi-même, les membres du conseil d’administration, les amis du comité ne sommes que des relais de l’engagement pris en 1967 par Victor Julien et Adam Becker. Nous espérons donc que les nouvelles générations prennent conscience de cette chance de vivre ces moments. Nous espérons qu’ils s’impliquent à leur tour pour être les nouveaux relais et témoins de cette relation. Nous sommes peut-être qu’une goutte d’eau à l’échelle de l’Europe mais nous contribuons à défendre ces valeurs de paix, de fraternité et de partage.

Nous pouvons donc se souhaiter que notre jumelage vive encore très longtemps mais sans oublier pourquoi il existe.

 

Télécharger le dossier de presse : cliquez ici

 

1967_stesuzanne_bis.jpg

 

 1967 : réception officielle de la délégation de Sulzheim pour sa 1ère visite à Ste-Suzanne.

Au milieu : Adam Schmitt, à sa droite Adam Becker (2nd plan), Louis Morteveille et Victor Julien (en bas à droite)

 

 



05/04/2017
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